En 1872, Les Pères EXUPERE et MARIE-ANTOINE, Capucins, prêchent une grande Mission à Mont‑de‑Marsan. Malgré les réticences de l’Archiprêtre, Monsieur MALET, aussi autoritaire que ferré sur le droit canon, le Père EXUPERE obtient de Mgr EPIVENT, Evêque d’Aire, l’autorisation d’instituer un Couvent de Capucins à Mont‑de‑Marsan, dans l’enclos appelé « Jardin de Dubourg », quartier de la Croix Blanche. Le couvent voit le jour début 1875 et est inauguré le 28 Octobre 1875, sous la présidence de l’Archevêque d’Auch, et après une importante procession partie de la Madeleine au son des fanfares et des chants.
Le couvent est victime en 1880 d’une vague d’anticléricalisme laïc contre la protection jugée excessive de Napoléon III à l’égard du clergé. Ordre est donné aux Capucins de Mont‑de‑Marsan de fermer.
Le 2 Août 1880, un pétard éclate contre la chapelle remplie de fidèles, au moment du sermon. Une manifestation brise les vitres du couvent sous l’oeil complaisant de la Police.
Le 4 Novembre 1880, c’est l’expulsion, au milieu de la sympathie des plus hautes autorités du département qui font toutes valoir leurs titres auprès du commissaire décontenancé. Finalement, le Père EXUPERE donne l’exemple de la soumission, suivi de ses amis et fidèles. Le Père JOSEPH et un frère sont autorisés à garder le couvent. Le moine y commence une carrière d’apôtre qui doit durer 40 ans et faire sa renommée dans toute la région.
Durant cette période, il sera traduit en justice pour avoir saboté la mise en vente du couvent par des affichages du type : « Si quelqu’un l’achetait, il serait un voleur et complice de voleurs ». Au procureur lui demandant les raisons de son habit, il répond :
‑ Vous savez bien qu’aucune loi n’impose aux Français l’étoffe et la couleur de leurs habits !
Au réquisitoire du Procureur, il oppose un humour habile, allant jusqu’à le remercier de la «réclame» que son «éloquence» fait à ses propres revendications.
Il est condamné mais donne à son affaire un retentissement national en faisant appel à Pau. Sa détermination courageuse y fait impression : « Ce qui se passe, dira-t-il, c’est l’éternelle lutte du pot de terre contre le pot de fer. Le pot de terre sera brisé, le Père JOSEPH sera condamné… ».
Les juges comprennent l’odieux et le ridicule de leur rôle et condamnent le religieux à une petite amende qu’un bienfaiteur solde le jour même. Et le Père JOSEPH repart à pied vers son couvent de Mont-de-Marsan.
Mgr FROMENT, Archiprêtre de Mont-de-Marsan, le prend comme vicaire auxiliaire, conseiller et ami. Dès 5 heures, chaque matin, le Père JOSEPH entre dans l’église de la Madeleine, et y célèbre la messe après le chemin de croix. Puis il y attend les pénitents.
En 1903, à l’époque du ministère COMBES, les persécutions reprennent contre les religieux. Cette fois, le Père JOSEPH trouve asile avec le frère GILLES dans une grande maison de la rue Armand Dulamon (l’actuel Carrefour des Jeunes). Au retour de la guerre, les Capucins réintègrent le couvent transformé en hôpital, juste à temps pour y fêter solennellement les 80 ans du Père JOSEPH.
La mort de cet homme, le 5 Décembre 1922, couronne une vie de dévotion à Saint‑François.
Le couvent dure jusqu’en 1952, année qui marque la naissance de l’Ecole de la Croix Blanche, devenue Cours Secondaire en 1963, puis Collège et Lycée de la Croix Blanche.
Nul doute que l’esprit des Pères Capucins, hommes de piété, de renoncement et de sainteté, continue à planer sur cette maison et que, selon la formule récente d’une personne qui y travaille, il « en a comme imprégné ses pierres ».